Vacances d'hiver : jeu et écriture
Du 20 au 24 février, Michel Lautru et Dominique Lurcel ont organisé un chantier d'écriture et de jeu au lycée, dans le cadre des activités de Savoir en liberté.
Le metteur en scène Dominique Lurcel avait déjà travaillé avec les Voraces. Il est revenu cette année pour travailler avec les élèves, autour d'un nouveau projet théâtral qu'il mène à bien, à partir du livre Pays de malheur.
Ci-dessous, on peut lire les textes qui sont nés lors de cette semaine riche en découvertes et en émotions.
Aubervilliers, du 20 au 24 février 2012… Poèmes et proses…
Quelques précisions : ces textes ont été écrits par dix élèves du Lycée Le Corbusier, dans le cadre d’un stage écriture et théâtre, animé par Michel Lautru et Dominique Lurcel, autour du livre de Younès Amrani et Stéphane Beaud, Pays de malheur (La Découverte 2003). Le temps de l’écriture s’est construit en deux moments : le premier jour a été consacré à une approche personnelle et sans contrainte thématique de l’écriture poétique ; à partir du second, on a souhaité se rapprocher des thèmes développés dans le livre (exclusion, discriminations, etc.). Ces textes sont livrés ici « bruts ». Ils n’ont pas été retouchés, ni par leurs auteurs, ni par l’équipe d’encadrement. Au risque, sans doute, de quelques maladresses et obscurités, mais dans la volonté de transmettre l’émotion absolue du « premier jet ». M.L. et D.L.
20 février…
Dois-je espérer ?
Dois-je être libérée d’une infinie patience ?
Dois-je être conquis de mon isolement ?
L’union ne fait-elle pas la force ?
Je pense que l’espoir fait vivre
Je pense que je fais la différence
Survivre est-il un défi ?
Ouleymatou
Qu’est-ce qui fait pleurer les nuages ?
Son regard bleu, ses yeux verts, son œil transparent fait songer les nuages
Son élan vers la terre, connaissant langoureusement la plage, fait naitre une jalousie tremblante dans l’âme de ces nuages enflammés.
Ils se mettent alors à faire gronder le tonnerre contre la terre
Et montrent à cette belle nuance de bleu sa colère endiablée qui dévore son âme.
Saisissant son incapacité, ils laissent échapper une larme.
Voyant cette goutte transparente atteindre délicatement celle qu’il ne pouvait toucher, sentir, son amour éloigné, il imagina alors de pleurer aussi souvent qu’il le pourrait, afin que cette tendre mer soit remplie et qu’elle puisse atteindre la hauteur du ciel, dans sa demeure où il pourra enfin l’enlacer.
Octavie
Pourquoi le ciel et la terre se confrontent-ils ?
Le ciel est abstrait, la terre est concrète.
Le ciel n’existerait pas, si la terre n’existait pas.
Le ciel nous tombe sur la tête lorsque l’on a un malheur, mais la terre nous fait trembler de peur lors d’un tremblement de terre.
Se confrontent-ils toujours autant ?
Souvent on dit que le paradis se trouve en haut dans le ciel – l’au-delà –, et que l’enfer se trouve sous terre – les ténèbres.
Mais on ne dit jamais que les bons sont sous terre, et que les mauvais sont aux anges !
Sarah L.
Pourquoi l’or a plus de valeur que l’argent ?
Ils sont tous deux des métaux, leur principale utilisation est d’être bijoux, mais pourquoi parle-t-on d’objets précieux seulement lorsqu’il s’agit de l’or ? Ce métal serait peut-être synonyme de pierre précieuse, et l’argent synonyme d’autres métaux auxquels on a affaire tous les jours comme le cuivre et l’aluminium ? Nul ne peut juger la valeur d’une chose quelle qu’elle soit, ou encore dire qu’une chose est plus précieuse qu’une autre. Sur quoi se base-t-on pour aboutir à une telle conclusion ? Aujourd’hui, l’homme se base sur cette même idée pour se valoriser. Mais s’il n’y avait pas cette idée hardie, nous serions sur la même ligne de départ et à celle de l’arrivée tout en ayant le même souffle.
Asma
Est-ce le spectateur qui regarde l’image, ou l’image qui regarde le spectateur ?
L’image : nomade ou statique, colorée ou incolore. Elle voit, elle rit, elle pleure ou chante. En fait, l’image est autant innocente que séduisante. Car le spectateur rit, pleure et chante en regardant cette image. Est-ce l’image qui transmet ses émotions au spectateur ?
Peut-être bien, peut-être pas.
Puis lorsque le spectateur se retrouve dans cette image : ils ne forment plus qu’un.
Entre l’image et le spectateur, il y a un amour fou. Leurs regards se croisent et ils se lancent des mots doux.
C’est peut-être pour cela que l’image se retrouve souvent chez le spectateur. Ils sont tellement intimes et protecteurs.
Maintenant ce n’est plus seulement être sage comme une image, mais être amoureux comme l’image.
Sophie L.
Le ciel symbolisant l’harmonie
N’éprouve qu’une seule envie
Relier au mieux le lien qui unit
Dans le passé lointain sa meilleure amie
La terre, fière et rude de sa beauté naturelle
Se souvient de la rancune de cette querelle.
Même après avoir déversé des larmes torrentielles
Déversées par son voisin du haut, sur elle.
Jusqu’à la fin des temps
Ciel et terre sont condamnés à la confrontation
Comme la rivière dans la mer s’étend
Par la force de l’entêtement.
Rissem
Difficile de savoir que l’être que l’on aime
L’être que l’on adore, l’être que l’on chérit le plus au monde
Ne nous aime pas
Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ?
Mais comme l’amour peut nous aveugler
Si les sentiments ne sont pas réciproques
Les sentiments que nous avons là au fond de notre cœur
Les sentiments qui ne cessent de prendre de l’ampleur
Sentiments qui ne font que notre malheur
Sentiments qui nous détruisent, puissent un jour se séparer à tout jamais de notre cœur
Pour qu’enfin un jour, un moment propice à la rencontre puisse naitre d’un simple regard
Et que de ce simple regard naisse l’amour.
Sarah A.
21 février, matin
Je souhaite que la réussite soit longue autant que l’échec est passager
Je rêve que l’argent ne nous fasse pas tomber dans la pénombre
J’espère que l’homme continuera de vivre sans s’arrêter à une frontière
J’accuse la chute d’être éternelle
Je crois que l’échec fait partie de la vie mais l’échec n’est pas la vie
Je souhaite qu’on vive et pas qu’on survive
Sophie L.
Au vent, ce pays de malheur !
Au vent, tous ces regards moqueurs !
J’accuse l’homme de renfermer sa rancœur
J’accuse ce troupeau de gens malveillants
Tous ces aides sociaux transparents
Tous ces conseils hypocrites contraignants
Au vent, ce pays de malheur !
Asma
J’accuse les grands
Ceux qui se croient grands
Les dominants
Les au-dessus des lois
Et moi petit
Ma seule misère
C’est de me croire mort !
Mort sans espoir
Mort, un destin de mort !
J’accuse la vie qui me marche dessus
Et qui m’oblige à suivre les règles de la rue
Et être dans l’ombre de la lumière
Khaled
J’accuse la rue qui ne m’a pas laissé au chaud
J’accuse la solitude qui m’a arraché à ma famille
J’accuse la pauvreté qui m’a infligé un manque de nourriture
J’accuse l’indifférence qui m’a poussé à l’échec
J’accuse l’absence d’espoir qui ne m’a pas appris à vivre
J’accuse le jugement qui m’a fait noir ou blanc.
Sarah L.
Naitre invisible !
Je souhaite conquérir un monde meilleur
Je souhaite survivre à l’indifférence
Je souhaite exister et non pas faire l’objet d’une transparence
Suis-je un être dépouillé par la vie ?
Je fais référence à une froide existence.
Mon seul objectif est de pétrir l’avenir, songer à évoluer, à marquer, à renoncer à la « discrimination »
Agir, accomplir un désir froissé
Trébucher, se relever
L’espoir abandonné
Vivre est un combat
Ouleymatou
Je déteste voir les hommes retourner leur veste
Je ne comprends pas l’anonymat des personnes fuyant comme la peste
J’approuve l’indifférence, à la seule condition
Je n’exige qu’une chose de cet ultimatum
La réponse favorable contre l’indignation
J’espère qu’après cela, se rende compte l’homme
Que se trouvent sur la terre en mer et dans les airs
D’autres qui manquent bien plus du nécessaire.
Rissem
Je crains le lever du soleil tous les matins
Cette peur de six heures qui frappe à ma porte
Je le sais j’ai brisé cette chétive loi sociale de mes mains
Mais pourquoi devrais-je souffrir l’injuste glaive que la Justice porte
Moi qui survis déjà dans la prison que je m’impose
Moi qui suis déjà le bourreau de ma propre peine
Comment pourrais-je endurer la haine de cette double peine
Alors que sur moi les larmes et espoirs de mes proches se posent ?
Samy
Je suis révoltée contre les préjugés, Asiatiques, Latinos, Européens, Africains ou Maghrébins, nous sommes tous frères. Nous souhaitons être la fierté de notre famille. Nous avons tous la rage de vaincre, rage de réussir, rage d’apprendre. Me battre contre l’exclusion, la soumission, voici mon objectif. Ceux qui pensent être supérieurs à nous ? Victimes de leurs pensées, des marionnettes que les mauvais contrôlent. Nous sommes les victimes de leur incompréhension.
Les personnes en difficulté sont désemparées, ont une soif de réussite, elles subissent la destruction de leur milieu, ont une absence d’encadrement.
La femme isolée, femme courageuse, femme qui nourrit la gloire, qui dévore ardemment l’espoir
Ndeye (texte inachevé)
J’en ai marre d’entendre « je n’y peux rien, je me débrouille »
Marre de cette indifférence puérile
Marre de cette mauvaise foi qui persiste jusqu’au bout de la nuit.
Regarde ta vie
Une vie sans projet
Une vie sans but
Regarde ton insouciance
Elle te tue à petit feu
Elle règne dans ta grandeur misérable
Et tu l’as consommée sans modération
Le jour qu’elle s’évapora
Trop tard
La vie est courte
Renoncer, souffrir, s’enfoncer
Que peux-tu faire d’autre
Plonger encore plus profond que le fond du siphon
Oui, j’en ai marre
Avoir quelque chose de plus fort que l’autre
Voila la différence
Celle qui te rendra grand dans ta misère imaginaire
Un moral de fer pour une vie de merde
J’espère t’entendre dire : «Tiens bon maman »
Oublions tout
Pensons à notre avenir inachevé
Le plus important c’est d’avoir un rêve.
J’en ai marre alors bats-toi
Octavie
21 février, après-midi
Je vis calme serein bercé par le doux chant
Des oiseaux, à l’ombre de ce vieux chêne qui a
Vu naitre tant d’amours désormais gravés à jamais au sein
De son écorce centenaire soutenant l’incomparable
Beauté de son feuillage d’un vert étincelant me
Protégeant de l’ardeur de ce soleil radieux d’été
Qui me rappelle ma tendre enfance, courant
Sur des prés verdoyants jouant riant partageant ces
Moments désormais gravés au plus profond
De mon âme ces souvenirs nostalgiques me font à la
Fois sourire et pleurer toutes ces émotions aussi jaillissantes
Que douloureuses me font couler une innocente larme sur ma joue
Larme qui terminera sa course sur la main douce et chaude de mon âme
Sœur, dont la présence apaisante délivre mon esprit de cette
Etreinte mélancolique pour le mener vers de douces plaines de bonheur
Samy (texte 1)
Pourquoi partir
Pourquoi subir
Pourquoi tant de haine
Pourquoi sans moi serait l’Eden
Dans cette nation qui ne veut pas de moi
Moi qui pourtant ne suis que le reflet de toi
Couleur langue apparence, sont-ce ici les seules raisons de ton effroi ?
Regarde-moi je ne suis pas si différent de toi
Car derrière cette enveloppe charnelle citadelle de mon âme
Tu es comme moi à la recherche de ton idéal
Alors ne me combats pas rejoins-moi
Car nous sommes tous deux dans le même combat toi et moi
Samy (texte 2)
Silence j’attends un appel féminin
Moi qui ne suis que grain
Regardez-moi, visage pas commun
Le regard loin là-bas un ciel couleur corbeau
Je reçois la première goutte d’eau
Ses sœurs ne tardent pas
Elles m’envahissent c’est la cata
Une lumière là-bas
Suivez-moi quel désarroi
Surement qu’elle m’aidera
Silence
La voila je la vois
La voila ma foi.
Asma (texte 1)
Espace maladroit
Mosaïque spirale ligne droite
Environnement plein de couleur
Après tant de douleur
Grace au sourire protecteur de mon prochain
Je m’intègre peu importe mon dessein
Car seul l’avenir sait ce qu’il me réserve
Mais moi seule sait l’impatience que je préserve
D’être un jour là parmi vous
Ô gens normaux !
Asma (texte 2)
Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce que c’est ? Comment ?
Deux mondes s’opposent celui du contemporain et du monde moderne
La guerre du violon contre la guitare électrique
La guerre entre Mozart et Calogero
Le monde contemporain nous emprisonne dans l’émotion
Le monde moderne quant à lui nous emprisonne dans nos idées les plus farfelues quelquefois
Apaisée épanouie dérangée insouciant
Quelles sont ces idées qui me bourdonnent dans la tête ?
Pourquoi ces deux mondes ne s’unissent pas pour peut-être faire palpiter les cœurs ?
Progrès, art et liberté le monde réel fait partie du monde imaginaire, c’est le changement c’est maintenant que tout se passe, on ne fait plus qu’un
Une idée utopique, n’est-ce pas ?
C’est normal I have a dream everybody have a dream !
Khaled (texte 1)
Tout le monde a droit au respect
Mais si tout le monde l’avait on serait peut-être en paix
La paix sociale paix et sérénité rêvez un peu
Rêvez rêvez pour ne pas être emprisonnés
On a le droit
Toi moi quiconque sur cette terre en forme de petit pois
Faut avoir la foi
Chacun doit avoir un toit être dans la joie on a le droit
Je vis dans ma cité buvant mon petit thé
Hier aujourd’hui rien ne bouge dans cette France diversifiée
Fraternité… égalité… liberté…
L’accepter mais est-on prêt ?
Le partage c’est comme nous faire découvrir une culture différente de nous
N’ai pas le stress tu peux réussir laisse
Pas de signes j’écris entre les lignes c’est pas un crime
C’est ni pour avoir de l’estime
Je veux juste un petit mercime.
Khaled (texte 2)
Le cœur des faubourgs de cette grande ville d’ombre s’éclaire par la clarté de la lune, cette vision aussi active que romanesque rendrait presque l’amour palpable, Cupidon cet ange à l’air inquiétant, dissimulé dans un buisson du jardin au lac bleu cyan, près de cette allée, où les musiciens sur les terrasses laissent leurs cœurs et leurs sentiments s’exprimer à travers les violons au gré des lucioles, par cette nuit ensoleillée
Rissem
Je m’en vais loin dans le ciel lointain et opportun
Je nage je divague et vois
Une fleur violette sur mon passage qui me rappelle mes premiers émois
Et moi dans un champ à perte de vue
Je me souviens que j’ai disparu
Apparue dans l’errance de la liberté
Le vent dansant avec mes cheveux frisés
Je nage je divague et vois
A travers les arbres un scintillement de lumière
Tendre et perçant mon regard amer
Femme maternelle isolée séparée du monde enflammé
Je nage je divague et vois
Le crépuscule si innocent sensible et insensible
Captivé par l’ombre et la pénombre
L’extase me prend et me surprend
Mais soudain Fin car on m’a souvent dit
Que je n’étais rien.
Sophie L. (Texte 1)
Amour : un jour ou toujours
Amie, amant ou amoureux, l’âme sait.
Âme découvrant nos premiers émois
Emotion palpitation vibration l’éveil des sens
Sentiment m’entrainant dans le bien-être d’être aimée
Seule envie que l’amour ne fuie pas dans le désamour
Sophie L. (Texte 2)
Pourquoi vivre ?
Pourquoi ne dit-on pas survivre ?
Pourquoi relativiser cette dure réalité
Un euphémisme qui nous renvoie à une fatalité
Une terre vaste comme l’univers mais si petit dans sa lumière
Lumière de ce qui ne vient plus que d’une lueur
Lueur d’espoir ou de malheur ?
De loin tout parait si beau mais en réalité tout est loin d’être beau
Pourquoi ne pas vivre loin, si loin que rien ne serait malsain
Le mal qui fait mal ce mal qui nous fait mal mais qui n’a pas mal de faire mal
Et enfin ?
Pourquoi avoir peur d’avoir mal ? Alors que cette douleur est omniprésente et elle ne cessera pas car tout cela reste banal.
Sarah L. (texte 1)
Rose qui resplendit à la vue si ravissante du soleil qui luit
Un rêveur rêvant de son rire tellement raffiné
Cherchant un remède enfui dans les racines de la raison elle-même.
Ruisselle ruisselle tes rayons de soleil, dit la brise
Jusqu’à cette rose rose rouge comme ton cœur
Enfoui dans ta rage tu passes repasses tu tournes retournes
Et là ! Rose avec ses pétales rebelles te tient
Enlève et (qui ?) boule boule de tendresse et enfin tu te laisses envoûter par elle
Rose.
Sarah L. (texte 2)
Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours
Renoncer espérer rire et pleurer
Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours
Je flotte tel un nuage dans le ciel
Accepter la souffrance ? Goûter à l’avenir ?
Tomber sans jamais se relever ?
Je me rappelle si bien lors de notre été passé.
Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours
Promesse d’un jour promesse de toujours.
Ouleymatou (texte 1)
Vivre dans une société, subir, souffrir, puis s’affirmer, s’identifier, trébucher, puis se relever, afin de s’imposer face à cette chose triomphante, accablante qu’est la discrimination.
S’en sortir face à l’opposition glacée
Espérer un jour
S’intégrer partager puis régner sur l’injustice
L’avenir est à venir pour enfin vivre comme il se doit
Ouleymatou (texte 2)
J’ai une détermination sans faille
Je sais ce que je veux, ce que j’espère
J’ai le devoir de conquérir le monde
J’ai l’ambition la rage de persévérer
Lorsque je tombe je ne cesse de me relever
La chute fait augmenter le courage
J’ai la volonté de gravir de désirer
J’avance même si je me sens dépassée
J’arrêterai de baisser les bras
Se relever quand on a la rage
Ndeye
La solitude me tue
Mon âme se noie dans ce tourbillon de malheurs sans fin
Mon cœur fuit il s’envole il s’accroche
Pourrai-je le rattraper ? Il court il court dans la lumière de la nuit morbide
Que dois-je faire ?
Je me sens seule
Viens et délivre-moi de ce dur labeur qui me détruit chaque nuit
Ton regard me hante
Il va jusqu’au plus profond de mon corps affamé de ton odeur
Ta voix me tourmente
Ce chant indéfinissable fait frissonner mes oreilles
Encore
J’aimerais tant
Oui j’aimerais tant que cette sombre présence me rassure dans ces ténèbres enflammées
Comment oublier ?
Mon corps et mon âme sont indissociables
Comme la racine et la terre
Mon être meurt
Mon corps renonce
Mon âme t’a choisi.
Octavie
24 février, petite rallonge…
Honte de ces regards maladroits
Honte de cette incompréhension nuisible
J’ai honte de voir mon père pleurer du sang
J’ai honte de ne pas pouvoir sauver mon frère de ces entrailles meurtrières
Honte aux rues de la France
Honte à la misère qu’elle propage dans le cœur de ses vagabonds
Oui honte du manque d’argent, de fringues
Oui honte de ces vacances volées de ces amours évaporés
Cette honte ronge mon cœur et détruit mon esprit
Mon âme devient fade et mes pensées meurent
Octavie
Honte, honte de lever les yeux
Honte de prétendre accéder aux cieux
Honte d’avoir autant fait souffrir mes vieux
Honte d’humilier mes aïeux
Honte de vouloir toujours mieux
Sentiment de mépris envers soi-même
Sentiment qui ressemble à la haine
Sentiment d’incertitude qui nous mène
Sentiment semblable à un noumène
Sentiment nous menant à notre propre destruction
Jusqu’au jour de l’explosion
Rissem
J’ai honte
Honte du sentiment
Qu’ils me font ressentir
Ils ne cessent de me le faire payer
Sans me connaître
Car ils ne me connaissent pas
Honte à eux
A ceux qui me jugent
Ma façon d’être ma personnalité
Ma raison d’être, ma vie
Mais je m’aime comme je suis
Et s’ils ne veulent pas me connaitre
Tant pis pour eux
Ils seront les uniques perdants
Et moi je serai gagnante
De ne pas côtoyer
Des gens si difficiles qui
Se sentent au dessus de moi.
Ndeye
J’ai honte, honte à moi, honte à eux !
Honte de la différence
Honte à l’intolérance
Honte à l’espérance honte
Oui j’ai honte, d’assumer, de faire comme si de rien n’était
De trébucher sans jamais se relever
Honte de ne pas être accepté
Honte d’être sous-estimé.
Ouleymatou
Honte de cette honte qui ronge mes entrailles
J’ai honte de ces rentrées vides de souvenirs
Honte de ces fêtes que je me dois d’embellir
Ces jours pour d’autres synonymes de joie et de flatteries
Sont pour moi des nuits de peur et d’insomnie
Parfois mes rêves me sauvent de cette odieuse tyrannie
Avant que la lumière du jour ne vienne briser cette utopie
Samy
Honte d’avoir cogné au lieu d’avoir étudié
Honte d’avoir assumé des actes néfastes
Jusqu’au point que ma mère m’efface
Honte de n’avoir pas su protéger les personnes en danger
Au lieu d’avoir été en G.A.V.
Honte d’être un incapable, capable d’être coupable
Honte d’avoir voulu toujours plus sans travailler plus !
Honte de me mordre les doigts dans ce froid qui me brise les doigts
Honte de pleurer sous la pluie de peur d’avoir honte des regards de moquerie
Honte d’une honte innocente pourtant nourrie de conséquences !
La vie ne m’a pas aimé mais je n’ai pas su assumer cette honte qui ne me fera jamais avancer !
Sarah L.
Vivre avec vivre sans
Que ce soit un choix ou un dilemme
Où est-ce qu’elle me mène ?
Emotion à bannir (dur à dire)
Supprimer sa présence
Quelle impatience !
Vivre avec vivre sans
J’ai honte
Honte de la honte
Propos sans acompte
Honte de cette situation remplie de pollution
Vraie soumission
Vivre avec vivre sans
Honte à nous, homme présent.
Asma
J’ai honte d’être né sur un sol mal élevé
Mal élevé au point de nous rejeter
Rejeter au niveau de nous rabaisser
Mais où va ce monde divisé ?
J’ai honte des gens qui se sentent ignorés
Ignorés jusqu’à s’ignorer eux-mêmes
J’ai honte que l’échec soit une fatalité
Alors que ça devrait être une dualité
J’ai honte de nous vous toi
La société c’est tout le monde
Et non les gens qui ont la tête haute
Sans remarquer les hommes du bas-monde
Sophie L.
Honte de n’pas offrir un cadeau à mon meilleur ami
C’est la vie, on est en manque d’argent quand on est petit
Honte de dire à ma famille que moi j’aurai peut-être jamais mon bac
Honte de leur dire que je n’arriverai jamais à la fac
Mais c’est mieux que si je leur disais j’ai déjà touché au crack
J’ai honte d’être pas comme tout le monde
Mais y en a plein qui ressentent ces mêmes ondes
J’ai honte de vous dire que je suis dans la galère
Mais faut pas avoir honte, avoir la tête haute et ne pas se taire
Ne pas avoir honte d’exprimer son opinion
Mais avoir honte de se faire marcher dessus et baisser son chignon
Faut arrêter la téhon alors qu’on n’a pas de raison
Khaled
Photos © Guillaume Ledun-L'Œil à Mémoires