Vacances d'hiver : jeu et écriture

Publié le par savoirenliberte

Stage.Pays de Malheur. 1Du 20 au 24 février, Michel Lautru et Dominique Lurcel ont organisé un chantier d'écriture et de jeu au lycée, dans le cadre des activités de Savoir en liberté.

Le metteur en scène Dominique Lurcel avait déjà travaillé avec les Voraces. Il est revenu cette année pour travailler avec les élèves, autour d'un nouveau projet théâtral qu'il mène à bien, à partir du livre Pays de malheur.

Ci-dessous, on peut lire les textes qui sont nés lors de cette semaine riche en découvertes et en émotions.

 

 

Aubervilliers, du 20 au 24 février 2012… Poèmes et proses…

 

Quelques précisions : ces textes ont été écrits par dix élèves du Lycée Le Corbusier, dans le cadre d’un stage écriture et théâtre, animé par Michel Lautru et Dominique Lurcel,  autour du livre de Younès Amrani et Stéphane Beaud, Pays de malheur (La Découverte 2003). Le temps de l’écriture s’est construit en deux moments : le premier jour a été consacré à une approche personnelle et sans contrainte thématique de l’écriture poétique ; à partir du second, on a souhaité se rapprocher des thèmes développés dans le livre (exclusion, discriminations, etc.). Ces textes sont livrés ici « bruts ». Ils n’ont pas été retouchés, ni par leurs auteurs, ni par l’équipe d’encadrement. Au risque, sans doute, de quelques maladresses et obscurités, mais dans la volonté de transmettre l’émotion absolue du « premier jet ». M.L. et D.L.

 

20 février…

 

Dois-je espérer ?

Dois-je être libérée d’une infinie patience ?

Dois-je être conquis de mon isolement ?

L’union ne fait-elle pas la force ?

Je pense que l’espoir fait vivre

Je pense que je fais la différence

Survivre est-il un défi ?

                                                                             OuleymatouStage.Pays-de-Malheur.-11.jpg

 

Qu’est-ce qui fait pleurer les nuages ?

 

Son regard bleu, ses yeux verts, son œil transparent fait songer les nuages

Son élan vers la terre, connaissant langoureusement la plage, fait naitre une jalousie tremblante dans l’âme de ces nuages enflammés.

Ils se mettent alors à faire gronder le tonnerre contre la terre

Et montrent à cette belle nuance de bleu sa colère endiablée qui dévore son âme.

Saisissant son incapacité, ils laissent échapper une larme.

Voyant cette goutte transparente atteindre délicatement celle qu’il ne pouvait toucher, sentir, son amour éloigné, il imagina alors de pleurer aussi souvent qu’il le pourrait, afin que cette tendre mer soit remplie et qu’elle puisse atteindre la hauteur du ciel, dans sa demeure où il pourra enfin l’enlacer.

                                                                                           Octavie

Stage.Pays-de-Malheur.-8.jpg 

Pourquoi le ciel et la terre se confrontent-ils ?

 

Le ciel est abstrait, la terre est concrète.

Le ciel n’existerait pas, si la terre n’existait pas.

Le ciel nous tombe sur la tête lorsque l’on a un malheur, mais la terre nous fait trembler de peur lors d’un tremblement de terre.

Se confrontent-ils toujours autant ?

Souvent on dit que le paradis se trouve en haut dans le ciel – l’au-delà –, et que l’enfer se trouve sous terre – les ténèbres.

Mais on ne dit jamais que les bons sont sous terre, et que les mauvais sont aux anges !

                                                                                                                                        Sarah L.

 

Pourquoi l’or a plus de valeur que l’argent ?

 

Ils sont tous deux des métaux, leur principale utilisation est d’être bijoux, mais pourquoi parle-t-on d’objets précieux seulement lorsqu’il s’agit de l’or ? Ce métal serait peut-être synonyme de pierre précieuse, et l’argent synonyme d’autres métaux auxquels on a affaire tous les jours comme le cuivre et l’aluminium ? Nul ne peut juger la valeur d’une chose quelle qu’elle soit, ou encore dire qu’une chose est plus précieuse qu’une autre. Sur quoi se base-t-on pour aboutir à une telle conclusion ? Aujourd’hui, l’homme se base sur cette même idée pour se valoriser. Mais s’il n’y avait pas cette idée hardie, nous serions sur la même ligne de départ et à celle de l’arrivée tout en ayant le même souffle.

                                                                                                                                          Asma

 

Est-ce le spectateur qui regarde l’image, ou l’image qui regarde le spectateur ?

 

L’image : nomade ou statique, colorée ou incolore. Elle voit, elle rit, elle pleure ou chante. En fait, l’image est autant innocente que séduisante. Car le spectateur rit, pleure et chante en regardant cette image. Est-ce l’image qui transmet ses émotions au spectateur ?

Peut-être bien, peut-être pas.

Puis lorsque le spectateur se retrouve dans cette image : ils ne forment plus qu’un.

Entre l’image et le spectateur, il y a un amour fou. Leurs regards se croisent et ils se lancent des mots doux.

C’est peut-être pour cela que l’image se retrouve souvent chez le spectateur. Ils sont tellement intimes et protecteurs.

Maintenant ce n’est plus seulement être sage comme une image, mais être amoureux comme l’image.

                                                                                                                                                           Sophie L.

 

Le ciel symbolisant l’harmonie

N’éprouve qu’une seule envie

Relier au mieux le lien qui unit

Dans le passé lointain sa meilleure amie

 

La terre, fière et rude de sa beauté naturelle

Se souvient de la rancune de cette querelle.

Même après avoir déversé des larmes torrentielles

Déversées par son voisin du haut, sur elle.

 

Jusqu’à la fin des temps

Ciel et terre sont condamnés à la confrontation

Comme la rivière dans la mer s’étend

Par la force de l’entêtement.

 

                                                                                                     Rissem

 

Difficile de savoir que l’être que l’on aime

L’être que l’on adore, l’être que l’on chérit le plus au monde

Ne nous aime pas

Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ?

Mais comme l’amour peut nous aveugler

Si les sentiments ne sont pas réciproques

Les sentiments que nous avons là au fond de notre cœur

Les sentiments qui ne cessent de prendre de l’ampleur

Sentiments qui ne font que notre malheur

Sentiments qui nous détruisent, puissent un jour se séparer à tout jamais de notre cœur

Pour qu’enfin un jour, un moment propice à la rencontre puisse naitre d’un simple regard

Et que de ce simple regard naisse l’amour.

 

                                                                                                          Sarah A.

 

21 février, matin

 

Je souhaite que la réussite soit longue autant que l’échec est passager

Je rêve que l’argent ne nous fasse pas tomber dans la pénombre

J’espère que l’homme continuera de vivre sans s’arrêter à une frontière

J’accuse la chute d’être éternelle

Je crois que l’échec fait partie de la vie mais l’échec n’est pas la vie

Je souhaite qu’on vive et pas qu’on survive

 

                                                                                                                Sophie L.

 

Au vent, ce pays de malheur !

Au vent, tous ces regards moqueurs !

J’accuse l’homme de renfermer sa rancœur

J’accuse ce troupeau de gens malveillants

Tous ces aides sociaux transparents

Tous ces conseils hypocrites contraignants

Au vent, ce pays de malheur !

                                                               Asma

J’accuse les grands

Ceux qui se croient grands

Les dominants

Les au-dessus des lois

 

Et moi petit

Ma seule misère

C’est de me croire mort !

Mort sans espoir

Mort, un destin de mort !

 

J’accuse la vie qui me marche dessus

Et qui m’oblige à suivre les règles de la rue

Et être dans l’ombre de la lumière

 

                                                                                   KhaledStage.Pays-de-Malheur.-2.jpg

 

J’accuse la rue qui ne m’a pas laissé au chaud

J’accuse la solitude qui m’a arraché à ma famille

J’accuse la pauvreté qui m’a infligé un manque de nourriture

J’accuse l’indifférence qui m’a poussé à l’échec

J’accuse l’absence d’espoir qui ne m’a pas appris à vivre

J’accuse le jugement qui m’a fait noir ou blanc.

 

                                                                                   Sarah L.    

 

 

Naitre invisible !

Je souhaite conquérir un monde meilleur

Je souhaite survivre à l’indifférence

Je souhaite exister et non pas faire l’objet d’une transparence

Suis-je un être dépouillé par la vie ?

Je fais référence à une froide existence.

Mon seul objectif est de pétrir l’avenir, songer à évoluer, à marquer, à renoncer à la « discrimination »

Agir, accomplir un désir froissé

Trébucher, se relever

L’espoir abandonné

Vivre est un combat

 

                                                     Ouleymatou

 

Je déteste voir les hommes retourner leur veste

Je ne comprends pas l’anonymat des personnes fuyant comme la peste

J’approuve l’indifférence, à la seule condition

Je n’exige qu’une chose de cet ultimatum

La réponse favorable contre l’indignation

J’espère qu’après cela, se rende compte l’homme

Que se trouvent sur la terre en mer et dans les airs

D’autres qui manquent bien plus du nécessaire.

 

                                                                   Rissem

 

Je crains le lever du soleil tous les matins

Cette peur de six heures qui frappe à ma porte

Je le sais j’ai brisé cette chétive loi sociale de mes mains

Mais pourquoi devrais-je souffrir l’injuste glaive que la Justice porte

Moi qui survis déjà dans la prison que je m’impose

Moi qui suis déjà le bourreau de ma propre peine

Comment pourrais-je endurer la haine de cette double peine

Alors que sur moi les larmes et espoirs de mes proches se posent ?

 

                                                                                                        Samy

 

Je suis révoltée contre les préjugés, Asiatiques, Latinos, Européens, Africains ou Maghrébins, nous sommes tous frères. Nous souhaitons être la fierté de notre famille. Nous avons tous la rage de vaincre, rage de réussir, rage d’apprendre. Me battre contre l’exclusion, la soumission, voici mon objectif. Ceux qui pensent être supérieurs à nous ? Victimes de leurs pensées, des marionnettes que les mauvais contrôlent. Nous sommes les victimes de leur incompréhension.

Les personnes en difficulté sont désemparées, ont une soif de réussite, elles subissent la destruction de leur milieu, ont une absence d’encadrement.

La femme isolée, femme courageuse, femme qui nourrit la gloire, qui dévore ardemment l’espoir

                                                                                                   Ndeye (texte inachevé)Stage.Pays-de-Malheur.-6.jpg

 

J’en ai marre d’entendre « je n’y peux rien, je me débrouille »

Marre de cette indifférence puérile

Marre de cette mauvaise foi qui persiste jusqu’au bout de la nuit.

Regarde ta vie

Une vie sans projet

Une vie sans but

Regarde ton insouciance

Elle te tue à petit feu

Elle règne dans ta grandeur misérable

Et tu l’as consommée sans modération

Le jour qu’elle s’évapora

Trop tard

La vie est courte

Renoncer, souffrir, s’enfoncer

Que peux-tu faire d’autre 

Plonger encore plus profond que le fond du siphon

Oui, j’en ai marre

Avoir quelque chose de plus fort que l’autre

Voila la différence

Celle qui te rendra grand dans ta misère imaginaire

Un moral de fer pour une vie de merde

J’espère t’entendre dire : «Tiens bon maman »

Oublions tout

Pensons à notre avenir inachevé

Le plus important c’est d’avoir un rêve.

J’en ai marre alors bats-toi

 

                                                                       Octavie

 

21 février, après-midi

 

Je vis calme serein bercé par le doux chant

Des oiseaux, à l’ombre de ce vieux chêne qui a

Vu naitre tant d’amours désormais gravés à jamais au sein

De son écorce centenaire soutenant l’incomparable

Beauté de son feuillage d’un vert étincelant me

Protégeant de l’ardeur de ce soleil radieux d’été

Qui me rappelle ma tendre enfance, courant

Sur des prés verdoyants jouant riant partageant ces

Moments désormais gravés au plus profond

De mon âme ces souvenirs nostalgiques me font à la

Fois sourire et pleurer toutes ces émotions aussi jaillissantes

Que douloureuses me font couler une innocente larme sur ma joue

Larme qui terminera sa course sur la main douce et chaude de mon âme

Sœur, dont la présence apaisante délivre mon esprit de cette

Etreinte mélancolique pour le mener vers de douces plaines de bonheur

                                                                                                                                 Samy (texte 1)Stage.Pays-de-Malheur.-12.jpg

 

 

Pourquoi partir

Pourquoi subir

Pourquoi tant de haine

Pourquoi sans moi serait l’Eden

Dans cette nation qui ne veut pas de moi

Moi qui pourtant ne suis que le reflet de toi

Couleur langue apparence, sont-ce ici les seules raisons de ton effroi ?

Regarde-moi je ne suis pas si différent de toi

Car derrière cette enveloppe charnelle citadelle de mon âme

Tu es comme moi à la recherche de ton idéal

Alors ne me combats pas rejoins-moi

Car nous sommes tous deux dans le même combat toi et moi

                                                                                                              Samy (texte 2)

 

Silence j’attends un appel féminin

Moi qui ne suis que grain

Regardez-moi, visage pas commun

Le regard loin là-bas un ciel couleur corbeau

Je reçois la première goutte d’eau

Ses sœurs ne tardent pas

Elles m’envahissent c’est la cata

Une lumière là-bas

Suivez-moi quel désarroi

Surement qu’elle m’aidera

Silence

La voila je la vois

La voila ma foi.

                                                    Asma (texte 1)

 

Espace maladroit

 

Mosaïque spirale ligne droite

Environnement plein de couleur

Après tant de douleur

Grace au sourire protecteur de mon prochain

Je m’intègre peu importe mon dessein

Car seul l’avenir sait ce qu’il me réserve

Mais moi seule sait l’impatience que je préserve

D’être un jour là parmi vous

Ô gens normaux !

                                                       Asma (texte 2)

 

Qu’y a-t-il ? Qu’est-ce que c’est ? Comment ?

Deux mondes s’opposent celui du contemporain et du monde moderne

La guerre du violon contre la guitare électrique

La guerre entre Mozart et Calogero

Le monde contemporain nous emprisonne dans l’émotion

Le monde moderne quant à lui nous emprisonne dans nos idées les plus farfelues quelquefois

Apaisée épanouie dérangée insouciant

Quelles sont ces idées qui me bourdonnent dans la tête ?

Pourquoi ces deux mondes ne s’unissent pas pour peut-être faire palpiter les cœurs ?

Progrès, art et liberté le monde réel fait partie du monde imaginaire, c’est le changement c’est maintenant que tout se passe, on ne fait plus qu’un

Une idée utopique, n’est-ce pas ?

C’est normal I have a dream everybody have a dream !

                                                                                                  Khaled (texte 1)

 

 

Tout le monde a droit au respect

Mais si tout le monde l’avait on serait peut-être en paix

La paix sociale paix et sérénité rêvez un peu

Rêvez rêvez pour ne pas être emprisonnés

 

On a le droit

Toi moi quiconque sur cette terre en forme de petit pois

Faut avoir la foi

Chacun doit avoir un toit être dans la joie on a le droit

 

Je vis dans ma cité buvant mon petit thé

Hier aujourd’hui rien ne bouge dans cette France diversifiée

Fraternité… égalité… liberté…

L’accepter mais est-on prêt ?

 

Le partage c’est comme nous faire découvrir une culture différente de nous

N’ai pas le stress tu peux réussir laisse

Pas de signes j’écris entre les lignes c’est pas un crime

C’est ni pour avoir de l’estime

Je veux juste un petit mercime.

                                                                Khaled (texte 2)

 

Le cœur des faubourgs de cette grande ville d’ombre s’éclaire par la clarté de la lune, cette vision aussi active que romanesque rendrait presque l’amour palpable, Cupidon cet ange à l’air inquiétant, dissimulé dans un buisson du jardin au lac bleu cyan, près de cette allée, où les musiciens sur les terrasses laissent leurs cœurs et leurs sentiments s’exprimer à travers les violons au gré des lucioles, par cette nuit ensoleillée

                                                                            RissemStage.Pays-de-Malheur.-13.jpg

 

 

Je m’en vais loin dans le ciel lointain et opportun

Je nage je divague et vois

Une fleur violette sur mon passage qui me rappelle mes premiers émois

Et moi dans un champ à perte de vue

Je me souviens que j’ai disparu

Apparue dans l’errance de la liberté

Le vent dansant avec mes cheveux frisés

Je nage je divague et vois

A travers les arbres un scintillement de lumière

Tendre et perçant mon regard amer

Femme maternelle isolée séparée du monde enflammé

Je nage je divague et vois

Le crépuscule si innocent sensible et insensible

Captivé par l’ombre et la pénombre

L’extase me prend et me surprend

Mais soudain Fin car on m’a souvent dit

Que je n’étais rien.

                                                                      Sophie L. (Texte 1)

 

Amour : un jour ou toujours

Amie, amant ou amoureux, l’âme sait.

Âme découvrant nos premiers émois

Emotion palpitation vibration l’éveil des sens

Sentiment m’entrainant dans le bien-être d’être aimée

Seule envie que l’amour ne fuie pas dans le désamour

                                                                       Sophie L. (Texte 2)

 Stage.Pays-de-Malheur.-15.jpg

Pourquoi vivre ?

Pourquoi ne dit-on pas survivre ?

Pourquoi relativiser cette dure réalité

Un euphémisme qui nous renvoie à une fatalité

Une terre vaste comme l’univers mais si petit dans sa lumière

Lumière de ce qui ne vient plus que d’une lueur

Lueur d’espoir ou de malheur ?

De loin tout parait si beau mais en réalité tout est loin d’être beau

Pourquoi ne pas vivre loin, si loin que rien ne serait malsain

Le mal qui fait mal ce mal qui nous fait mal mais qui n’a pas mal de faire mal

Et enfin ?

Pourquoi avoir peur d’avoir mal ? Alors que cette douleur est omniprésente et elle ne cessera pas car tout cela reste banal.

                                                                           Sarah L. (texte 1)

 

Rose qui resplendit à la vue si ravissante du soleil qui luit

Un rêveur rêvant de son rire tellement raffiné

Cherchant un remède enfui dans les racines de la raison elle-même.

Ruisselle ruisselle tes rayons de soleil, dit la brise

Jusqu’à cette rose rose rouge comme ton cœur

Enfoui dans ta rage tu passes repasses tu tournes retournes

Et là ! Rose avec ses pétales rebelles te tient

Enlève et (qui ?) boule boule de tendresse et enfin tu te laisses envoûter par elle

Rose.

                                                                                           Sarah L. (texte 2)

 

Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours

Renoncer espérer rire et pleurer

Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours

Je flotte tel un nuage dans le ciel

Accepter la souffrance ? Goûter à l’avenir ?

Tomber sans jamais se relever ?

Je me rappelle si bien lors de notre été passé.

Isolé dans mon coin je pense à de meilleurs jours

Promesse d’un jour promesse de toujours.

                                                                                  Ouleymatou (texte 1)

 

Vivre dans une société, subir, souffrir, puis s’affirmer, s’identifier, trébucher, puis se relever, afin de s’imposer face à cette chose triomphante, accablante qu’est la discrimination.

S’en sortir face à l’opposition glacée

Espérer un jour

S’intégrer partager puis régner sur l’injustice

L’avenir est à venir pour enfin vivre comme il se doit

                                                                                   Ouleymatou (texte 2)

 

J’ai une détermination sans faille

Je sais ce que je veux, ce que j’espère

J’ai le devoir de conquérir le monde

J’ai l’ambition la rage de persévérer

Lorsque je tombe je ne cesse de me relever

La chute fait augmenter le courage

J’ai la volonté de gravir de désirer

J’avance même si je me sens dépassée

J’arrêterai de baisser les bras

Se relever quand on a la rage

                                                                              NdeyeStage.Pays-de-Malheur.-4.jpg

 

La solitude me tue

Mon âme se noie dans ce tourbillon de malheurs sans fin

Mon cœur fuit il s’envole il s’accroche

Pourrai-je le rattraper ? Il court il court dans la lumière de la nuit morbide

Que dois-je faire ?

Je me sens seule

Viens et délivre-moi de ce dur labeur qui me détruit chaque nuit

Ton regard me hante

Il va jusqu’au plus profond de mon corps affamé de ton odeur

Ta voix me tourmente

Ce chant indéfinissable fait frissonner mes oreilles

Encore

J’aimerais tant

Oui j’aimerais tant que cette sombre présence me rassure dans ces ténèbres enflammées

Comment oublier ?

Mon corps et mon âme sont indissociables

Comme la racine et la terre

Mon être meurt

Mon corps renonce

Mon âme t’a choisi.

                                                                   Octavie

 

 

24 février, petite rallonge…

Honte de ces regards maladroits

Honte de cette incompréhension nuisible

J’ai honte de voir mon père pleurer du sang

J’ai honte de ne pas pouvoir sauver mon frère de ces entrailles meurtrières

Honte aux rues de la France

Honte à la misère qu’elle propage dans le cœur de ses vagabonds

Oui honte du manque d’argent, de fringues

Oui honte de ces vacances volées de ces amours évaporés

Cette honte ronge mon cœur et détruit mon esprit

Mon âme devient fade et mes pensées meurent

 

                                                                                    Octavie

 

Honte, honte de lever les yeux

Honte de prétendre accéder aux cieux

Honte d’avoir autant fait souffrir mes vieux

Honte d’humilier mes aïeux

Honte de vouloir toujours mieux

 

Sentiment de mépris envers soi-même

Sentiment qui ressemble à la haine

Sentiment d’incertitude qui nous mène

Sentiment semblable à un noumène

Sentiment nous menant à notre propre destruction

Jusqu’au jour de l’explosion

 

                                                                                     Rissem

 

J’ai honte

Honte du sentiment

Qu’ils me font ressentir

Ils ne cessent de me le faire payer

Sans me connaître

Car ils ne me connaissent pas

Honte à eux

A ceux qui me jugent

Ma façon d’être ma personnalité

Ma raison d’être, ma vie

Mais je m’aime comme je suis

Et s’ils ne veulent pas me connaitre

Tant pis pour eux

Ils seront les uniques perdants

Et moi je serai gagnante

De ne pas côtoyer

Des gens si difficiles qui

Se sentent au dessus de moi.

 

                                                                    Ndeye

 

J’ai honte, honte à moi, honte à eux !

Honte de la différence

Honte à l’intolérance

Honte à l’espérance honte

Oui j’ai honte, d’assumer, de faire comme si de rien n’était

De trébucher sans jamais se relever

Honte de ne pas être accepté

Honte d’être sous-estimé.

 

                                                                  Ouleymatou Stage.Pays-de-Malheur.-7.jpg

 

 

Honte de cette honte qui ronge mes entrailles

J’ai honte de ces rentrées vides de souvenirs

Honte de ces fêtes que je me dois d’embellir

Ces jours pour d’autres synonymes de joie et de flatteries

Sont pour moi des nuits de peur et d’insomnie

Parfois mes rêves me sauvent de cette odieuse tyrannie

Avant que la lumière du jour ne vienne briser cette utopie

 

                                                                                               Samy

 

Honte d’avoir cogné au lieu d’avoir étudié

Honte d’avoir assumé des actes néfastes

Jusqu’au point que ma mère m’efface

Honte de n’avoir pas su protéger les personnes en danger

Au lieu d’avoir été en G.A.V.

Honte d’être un incapable, capable d’être coupable

Honte d’avoir voulu toujours plus sans travailler plus !

Honte de me mordre les doigts dans ce froid qui me brise les doigts

Honte de pleurer sous la pluie de peur d’avoir honte des regards de moquerie

Honte d’une honte innocente pourtant nourrie de conséquences !

La vie ne m’a pas aimé mais je n’ai pas su assumer cette honte qui ne me fera jamais avancer !

 

                                                                                                    Sarah L.

 

Vivre avec vivre sans

Que ce soit un choix ou un dilemme

Où est-ce qu’elle me mène ?

Emotion à bannir (dur à dire)

Supprimer sa présence

Quelle impatience !

Vivre avec vivre sans

J’ai honte

Honte de la honte

Propos sans acompte

Honte de cette situation remplie de pollution

Vraie soumission

Vivre avec vivre sans

Honte à nous, homme présent.

 

                                                                       Asma

 

J’ai honte d’être né sur un sol mal élevé

Mal élevé au point de nous rejeter

Rejeter au niveau de nous rabaisser

Mais où va ce monde divisé ?

J’ai honte des gens qui se sentent ignorés

Ignorés jusqu’à s’ignorer eux-mêmes

J’ai honte que l’échec soit une fatalité

Alors que ça devrait être une dualité

J’ai honte de nous vous toi

La société c’est tout le monde

Et non les gens qui ont la tête haute

Sans remarquer les hommes du bas-monde

                                                                              Sophie L. Stage.Pays-de-Malheur.-3.jpg

Honte de n’pas offrir un cadeau à mon meilleur ami

C’est la vie, on est en manque d’argent quand on est petit

Honte de dire à ma famille que moi j’aurai peut-être jamais mon bac

Honte de leur dire que je n’arriverai jamais à la fac

Mais c’est mieux que si je leur disais j’ai déjà touché au crack

J’ai honte d’être pas comme tout le monde

Mais y en a plein qui ressentent ces mêmes ondes

J’ai honte de vous dire que je suis dans la galère

Mais faut pas avoir honte, avoir la tête haute et ne pas se taire

Ne pas avoir honte d’exprimer son opinion

Mais avoir honte de se faire marcher dessus et baisser son chignon

Faut arrêter la téhon alors qu’on n’a pas de raison

 

                                                                                        Khaled

 

Photos © Guillaume Ledun-L'Œil à Mémoires

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article